Portrait : Claire Proteau
Claire PROTEAU, psychomotricienne investie, exerce en Service de Médecine Physique et de Réadaptation (SMPR), où elle accompagne ses patients adultes dans la reconstruction de leur relation au corps.
Plongez dans le parcours inspirant de Claire, psychomotricienne en service de rééducation adulte. Elle aide ses patients à renouer avec leur corps après un traumatisme (exemple : une amputation). Entre techniques de rééducation corporelle et soutien psychologique, elle nous raconte comment ce métier, riche et exigeant, a transformé sa vision du monde et de l’humain.
Diplômée d’État en 2019 de l’ISRP Paris, Claire découvre sa vocation lors de sa 3e année de formation à l’ISRP Paris, notamment au cours de son apprentissage en clinique psychiatrique. Cette expérience confirme son identité professionnelle et l’envie d’accompagner les patients dans une rééducation qui prend en compte à la fois le corps et l’esprit. Elle exerce ensuite un poste à mi-temps en clinique psychiatrique avec un poste au SESSAD spécialisé dans la déficience sensorielle (visuelle et auditive) avant d’intégrer en 2022, le Service de Médecine Physique et de Réadaptation (SMPR) d’un hôpital, un service de rééducation où elle travaille encore aujourd’hui.
Le rôle du psychomotricien en rééducation est unique : il permet une prise en charge globale du patient, tant sur le plan moteur que sur le plan psychique et sensoriel. Claire explique qu’un des enjeux majeurs de la psychomotricité en rééducation est d’adopter une représentation du corps à long terme : « il ne s’agit pas seulement de travailler sur la fonctionnalité immédiate, mais de préparer le patient à se réapproprier un corps qui a changé et à s’y adapter durablement « .
Son intervention vise à restaurer la conscience corporelle du patient, afin de redévelopper ses schémas moteurs et d’intégrer son corps dans l’espace et le mouvement. Elle réalise un travail important sur la proprioception (équilibre), le centre de gravité et la posture, la conscience du schéma corporel (la localisation des différentes parties du corps) et la représentation de l’image corporelle. Dans son travail auprès des patients, Claire intervient également pour réguler le tonus musculaire, qu’il soit pathologique ou non, afin d’atténuer la douleur et améliorer le relâchement. Il s’agit de réintroduire des expériences neurosensorielles et sensorimotrices pour que le patient puisse les utiliser en complément des séances de kinésithérapie et ergothérapie par ex. Le ressenti émotionnel et sensoriel du corps est donc au cœur de son approche.
Claire intervient principalement lorsque les patients présentent des troubles psychomoteurs qui entravent les séances de rééducation. Les patients sont orientés par des prescriptions médicales ou à la demande d’autres professionnels de santé. Chaque prise en charge commence par un bilan psychomoteur dans au cours duquel elle réalise un entretien approfondi pour identifier les difficultés spécifiques. Il existe peu de bilans standardisés pour la population adulte. En fonction de la gravité des troubles ou du temps de l’hospitalisation, elle adapte son approche à chaque patient et établit des priorités pour intervenir sur les patients dont l’accompagnement psychomoteur est essentiel à leur réadaptation. Les bilans relèvent souvent des troubles de l’image corporelle, un centre de gravité perturbé ou une posture altérée.
L’un des enjeux majeurs de son travail est d’aider ses patients à reconstruire le rapport au corps. « Accompagner quelqu’un dans l’acceptation de son corps après un accident ou une maladie, c’est l’aider à se réconcilier avec lui-même ». La gestion de la douleur est également un élément essentiel dans ce parcours de rééducation. C’est dans cet équilibre entre rééducation physique et accompagnement psychologique que Claire, Psychomotricienne est un soutien précieux.
La durée des interventions varie en fonction des pathologies, des progrès réalisés par le patient et du temps d’hospitalisation. Certains suivis sont courts, comme pour les personnes amputées (environ 6 semaines), tandis que d’autres, comme les suites d’AVC, peuvent durer 6 à 9 mois. Claire suit ses patients 1 à 2 fois par semaine (30 à 45 minutes) et leur propose régulièrement des exercices à pratiquer en autonomie.
A la sortie de l’hospitalisation, il n’y a pas toujours de suivi systématique, mais certains patients continuent à consulter un psychomotricien en libéral ou sont orientés vers des structures comme l’Hôpital de Jour (HDJ). Claire souligne l’importance de la coordination entre les professionnels de l’accompagnement médico – social (assistantes sociales, médecins etc.) pour assurer la continuité des soins après la sortie du patient, mais surtout pour qu’ils puissent retrouver une autonomie.
« Pour Claire, le psychomotricien joue un rôle essentiel dans la rééducation, en facilitant la réadaptation ou l’adaptation physique et psychologique des patients à leur nouveau corps. Le métier de Psychomotricien aide les patients à s’adapter à leur corps transformé et à mieux en vivre au quotidien ».
Aux étudiants qui souhaitent se lancer dans cette voie, Claire donne un conseil : persévérer. Les études sont exigeantes et demandent une forte capacitée d’introspection. Ce métier, bien que complexe, enrichit profondément le regard que l’on porte sur le monde et sur l’humain.
Chaque jour, les psychomotriciens font bouger les lignes de la santé, à tous les âges de la vie.
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